Lucia di Lammermoor - Opéra de Paris

Lucia di Lammermoor – Opéra de Paris

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Jeudi dernier, j’ai assisté à la générale Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti à l’Opéra de Paris. Une fois de plus, sans surprise, l’héroïne, Lucia, meurt de désespoir. Je ne divulgâche rien. C’est la structure narrative des opéras romantiques du XIXème siècle. Une hécatombe pour les femmes. Un opéra à voir pour sa mise en scène et son décor. 2h45 de spectacle.

Bon bah, comme quoi, il ne faut jamais dire jamais. Je n’avais pas du tout prévu de voir Lucia cette saison. Je voulais faire une pause de ces opéras romantiques du XIXème où la femme se sacrifie par amour ou est sacrifiée par intérêt. Ras la casquette de devoir à chaque fois se dissocier entre le plaisir d’assister à un opéra et de ne jamais pouvoir s’identifier au personnage féminin. Oui car sans surprise, je ne me projette pas dans ce type de destin. J’ai très envie de voir une héroïne forte sur la scène de l’opéra. Si cela continue, je vais devoir apprendre la composition pour en écrire un. Argh…

J’ai lu le résumé, disponible sur le site de l’opéra et la dernière phrase m’a décidé à le voir : » Il ne manquait plus que le metteur en scène Andrei Serban pour transcender ce moment crucial en une expression de joie libératrice qui rompt les brides d’une société masculine étouffante. » Là, les gars, vous commencez à m’intéresser. Ok, je veux bien consacrer trois heures de ma vie et renoncer à deux autres engagements pour m’asseoir à Bastille et voir ce que vous nous proposez sur le sujet.

Cet opéra créé en 1835 à Milan sur un livret de Savaltore Cammarano d’après La Fiancée de Lammermoor de Walter Scott a, tout de suite, été un triomphe. En 2023, le plaisir vient de la mise en scène d’Andrei Serban. Il a su en faire un opéra mettant en lumière la domination des hommes sur les femmes. On étouffe en le voyant. Les propos dans le livret sont univoques sur le sujet. Il met en lumière cette oppression. Lucia a aucun moment, est maître de son destin. Elle est ballotée entre son amour pour cet homme, Edgardo di Ravenswood, la loyauté envers son frère qui s’en sert pour ses propres intérêts et son nouveau mari : Arturo Bucklaw. Son seul échappatoire est de devenir folle. En voyant cette représentation. On sait d’où on vient, le chemin parcouru et ce qu’il reste à faire. Je pense à une lecture Le bal des folles de Victoria Mars sur les expériences faites par Charcot aux femmes internées pour folie à la fin du XIXème à la Pitié Salpêtrière. J’ai une grande sympathie pour toutes ces femmes qui ont du subir le carcan d’une société étouffante et que l’on a dit « folle » sans jamais réfléchir à ce qu’elles subissaient au quotidien.

Un magnifique décor

Je ne suis pas prête d’oublier le lever de rideau après un petit prélude insignifiant. Le spectateur est transporté dans une salle de gymnastique avec des tapis, des agrès, des cordes. Des hommes en gris font leurs exercices de gymnastique dans un décor bleu-vert. Des femmes habillées de charlotte et de tablier nettoient le sol avec des seaux en zinc. Dans mon souvenir, le chœur arrive, rapidement, habillé de noir et s’installe dans les gradins en demi cercle. Les femmes sortent d’un tableau de Renoir ou Manet. C’est une des rares fois où je suis éblouie par un lever de rideau. J’ai envie d’écrire un article à ce sujet.

Le bel canto à l’honneur

Comme tu le sais, en moins de 5 minutes, je sais si je vais aimer une représentation ou non. Là, j’ai rapidement su que je ne serai pas touchée par la voix de la soprano Brenda Rae. Elle fait un travail remarquable dans ce rôle-titre exigeant et toujours en mouvement. Particulièrement au moment du fameux « air de la folie« . Brenda Rae est loin de la soprano statique. Elle joue une Lucia amoureuse et devenant folle à l’obligation de se marier pour sauver l’honneur de son frère. Brenda Rae réalise un gros kiff : faire de la balançoire sur la scène de Bastille. J’en rêve. Face aux balcons.

En 1835, le déroulé de l’opéra est encore en forme de numéros. Il n’est pas encore narratif. Ce qui se voit dans la structure de l’opéra. Les chanteurs enchaînent les airs. Certains laissent un petit blanc à la fin pour attendre les applaudissements qui ont pu être timides par moments et enjoués à d’autres.

Branda Rae a été fortement applaudie après « l’air de la folie« . Célèbre dans la culture populaire, c’est l’air chanté par la Diva dans Le 5ème élément de Luc Besson. Une de mes amies a fait le lien.

Le jeune chef d’orchestre ouzbek Aziz Shokhakimov fait ses débuts à l’Opéra de Paris. Actuellement, Directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Il s’est récemment produit à la Philharmonie de Paris en jouant la 3ème symphonie de Gustav Mahler. Il y a peu à dire sur la musique de Donizetti dans cet opéra. Elle souligne le bel canto mais reste modeste, voire insignifiante. L’orchestre de l’Opéra fait le job. Je préfère les entendre sur des partitions de Verdi ou de Wagner.

A voir

Je recommande Lucia pour le propos sur la société corsetée du XIXème siècle, la mise en scène et les décors. J’aime que l’opéra soit un grand spectacle sans vidéo en appui. La scène de Bastille est merveilleusement bien utilisé. Dans toutes ses dimensions : horizontale, verticale et en profondeur.

Lucia di Lammermoor de Donizetti

Infos pratiques

Lucia di LammermoorDonizetti- Opéra de Paris – Bastille  – jusqu’au 10 mars 2023 – 2h45 avec 1 entracte. En italien surtitré en français. Pour en savoir plus : operadeparis.fr. Il reste des places.


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