La tension d'être dehors
Hier, le programme de la journée était manifester avec #NousToutes à Opéra et assister à Radio France fête le livre.
Au vu des événements sur les Champs Élysées et les messages reçus sur les tensions en cours, j'ai renoncé à aller marcher pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles. L'espace public n'était pas si sûr.
J'ai traversé Paris en métro pour arriver à la Maison de la Radio. J'ai été fouillée plusieurs fois avant d'entrer. Certains hommes étaient équipés de gilets parre-balles. J'ai passé trois heures à entendre parler littérature, amour et politique. Havre de paix.
J'ai retraversé Paris dans un métro bondé de supporters du PSG. Sortie de match. Plus d'une femme évite de prendre ces métros. Heureusement, les matchs au Parc le samedi sont familiaux. J'ai choisi ma rame avec femmes et enfants. J'ai encore reçu des messages : "Es-tu sortie ?" "Tu vas bien ?" "Moi, j'ai pas bougé" "Dis-nous quand tu es rentrée ?""
Une fois arrivée chez moi, j'ai retrouvé une vieille connaissance qui avait disparu du fait de mon exil orléanais : la tension d'être dehors.
Est-ce un jour exceptionnel ? OUI mais pas tant que ça. Des manifs dégénèrent régulièrement.
Est-ce normal d'assister à des conférences à la radio publique, de croiser des gilets parre-balles et d'avoir comme première pensée "je suis en sécurité ?" ? NON, ils ne devraient pas avoir besoin d"être équipés.
Est-ce normal que des proches s'inquiètent de mes déplacements et si je suis dans un lieu sûr ? NON, je devrais pouvoir circuler sans que l'on s'inquiète.
Est-ce normal d'avoir peur d'aller manifester dans les rues de Paris? NON.
Est-ce normal de laisser passer plusieurs métros bondés pour éviter le risque du frotteur ou du geste deplacé sur mon corps ? NON, je devrais être en sécurité dans les transports, ne pas à avoir à chercher par habitude le petit espace le plus sécurisé en montant dans une rame et ne pas être sur mes gardes.
Vivre à Paris c'est être obsédée par sa sécurité pour diverses raisons.
Aujourd'hui ? Rebelote !