Gros chagrin

J'ai rendu les clés de mon appart, cette semaine. En sortant du métro à Bastille et en empruntant la rue de la Roquette, je me suis mise à pleurer à gros bouillon sans plus rien contrôler. J'étais en boucle : “Je n’ai pas réussi à RÉSISTER. Je suis partie." ça m’arrive de pleurer dans les rues de Paris cachée derrière mes lunettes de soleil. Faut que ça sorte me dit la psy.

En arrivant à mon ancien appart, rebelote, un énorme chagrin que je ne pouvais plus arrêter. J’ai vite compris que je ne pleurais pas le départ de Paris. Dans ma tête, je n'étais plus en 2024 mais en novembre 2015. Je pleurais ma peur après les attentats. 

Il y a un an, en redécouvrant la une du Parisien du 15 novembre 2014, j’ai compris pourquoi j'ai tant serré les fesses et refoulé mes émotions suite au choc.

Une du Parisien du dimanche 15 novembre 2024

Avec le recul, je me conseillerais d’aller tout de suite à la cellule psychologique et ne pas attendre septembre 2020 et un nouvel attentat pour être prise en charge en tant qu'habitante du quartier où se sont déroulés les attentats. 

Les larmes que je n’ai pas versé en 2015 parce qu’il fallait résister, je les pleure seulement maintenant quand c’est fini. Quand j’ai retrouvé la sécurité dans mon nouvel appartement à Orléans, que je peux commencer à me laisser aller et apprécier. Je redécouvre ce que c'est de ne pas être en vigilance constante. 

J’ai tenté de sécher mes sanglots pour faire bonne figure devant la dame de l’agence. Elle a fait le tour. Elle m’a dit : “C'est bon, vous pouvez partir”. J’ai détesté ce moment. J’ai eu l’impression d'être chassée, aucune bienveillance.

Ensuite, je suis allée travailler au bureau sous le bruit constant de l'hélico des JO. Puis, je suis rentrée à Orléans et pendant que toute la France célébrait les victoires de Léon Marchand, moi j'étais dans mon lit à pleurer sur ma souffrance des attentats de 2015. Faut que ça sorte me dit la psy.

Faire un attentat, c’est vouloir traumatiser une population. Les gars, vous avez réussi votre coup. 9 ans après, je suis encore dedans. J'espère que ce qui est pleuré, ne le sera plus après.

Le lendemain, je n’ai pas pu travailler, j’ai posé deux jours de congés. Faut que ça sorte me dit la psy.

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