Compostelle Miradoux - Lectoure
L’étape Compostelle Miradoux - Lectoure - J3 : 15 km - Mardi 30 avril 2019
Je pars, après avoir longuement discuté avec Stéphane des avantages et des inconvénients de la vie parisienne. Je suis contente d’être sur ce chemin après des mois d’errance personnelle et professionnelle. C’est une reconquête fastidieuse de dompter cette peur de marcher seule dans la nature.
Ouiiiii !
Après une bonne côte, celle qui fait enlever la polaire alors qu'il fait à peine plus de 10°C, ils sont là devant moi avec leurs cimes enneigées. Au loin, majestueux. Les Pyrénées. Je n’y pensais plus du tout. J'ai une grande émotion face à eux. Je saute de joie avec mes bâtons en l’air et en tapant des mains. « ouiiiiii ! » Il reste des centaines de kilomètres à parcourir mais ils sont devant moi et atteignables.
Après la joie, la rumination est venue. Inévitable. Si j’avais su que je verrais les Pyrénées dans deux jours, est-ce que je me serais arrêtée, il y a deux ans ? Est-ce que ça aurait été suffisant pour me faire continuer? Est-ce-que ma vie ne se serait-elle pas transformée en un maelstrom si j’avais réussi à atteindre Roncevaux en affronter ma peur ?
Les réponses personne ne les connait et il se peut que la météo ne soit pas bonne ce jour-là. Je n’ai aucun regret car le bonheur est encore plus grand aujourd’hui après les épreuves traversées.
Je découvre le Gers avec plaisir. Le territoire est vallonné et dégagé. C’est parfait pour moi. Deux jours sur le chemin et je suis totalement détendue.
J’arrive à Lectoure en tout début d’après-midi. Le programme est de visiter la cathédrale, trouver La Poste pour alléger mon sac et se poser dans un bar. Ma chambre d’hôte ouvre qu’à 15h30. Je repère une esthéticienne. Je suis partie sans avoir eu le temps de m’épiler les jambes. Il fait beau, j’ai envie de me mettre en short. Je prends rendez-vous en fin d’après-midi. OK, je fais Saint-Jacques mais à ma façon. Chacun son chemin.
Pause
J’entre dans la cathédrale de Lectoure pour me recueillir. J’aime ce moment après avoir marché des heures sous le soleil ou la pluie. Je m’assois sur un vieux banc d’église qui craque. Je quitte mon sac. Mon esprit s’apaise de toutes les pensées venues en chemin, mes muscles se relâchent, mon corps se détend. Un sentiment de bien-être arrive. Là, je questionne : « A quoi, ça sert de vivre ?, c’est quoi ma vie ? ». L’émotion arrive et les larmes montent.
Je sens que je dérange. Un peu contrariée, je me dirige vers les portes grandes ouvertes, je me retrouve face à un corbillard et une cinquantaine de personnes. J’essaie de me faire discrète. Je sors de la cathédrale en marchant en crabe devant la famille endeuillée. Un éléphant dans un magasin de porcelaine. J’ai envie d’y retourner, de me poser au fond de l’église et d’assister à l’enterrement.
J’hésite, je ne veux pas gêner, je décide de ne pas rester. J’ai du boulot : des boîtes de sardines à expédier et des jambes à épiler.
Conseils pratiques
Hébergement
Chambre d'hôte A 2 pas
Anne-Sophie D'HEM
56 Rue Nationale
32700 Lectoure
Tel : 06-70-99-37-79 courriel : ontact@a2-pas.fr