Fan attitude : Gustavo Dudamel quitte l'Opéra de Paris
J’écris souvent sur le phénomène. Au printemps 2023, Gustavo Dudamel a annoncé qu'il quittait l'Opéra de Paris, la saison prochaine, pour des raisons personnelles. Depuis, je suis triste. Peut-être un peu fan...
Au printemps, je suis allée deux fois à l'opéra écouter le sublime Nixon in China de John Adams avec à la baguette Gustavo. Je me suis retenue de ne pas en faire un article. J’avais envie de partager ma joie pour cette nouvelle production mais éreintée, je n'ai pas eu la force de l'écrire.
Pour situer Nixon in China est un des opéras les plus célèbres du XXème siècle. Il raconte la visite du président américain Nixon en Chine en février 1972. La beauté de cet opéra réside dans la musique minimaliste du compositeur américain John Adams. C’est envoutant et entêtant. Je l’écoute en boucle. Il vient d’entrer au répertoire de l’Opéra de Paris avec la très belle mise en scène de Valentina Carrasco. Les représentations se sont terminées mi-mai. Il devrait être reprogrammé en 2025 ou 2026.
Les symptômes de la fan attitude
J’étais encore émerveillée par la musicalité de l’opéra et la direction d’orchestre de Gustavo quand avec une copine, on a eu une discussion sur la fan attitude. Elle m’a expliqué les réactions de ses copines fan de patinage, de e-sport et ses relations de fan avec certains youtubeurs étrangers. Qu’elles vivent des émotions fortes quand il arrive quelque chose de triste ou joyeux à leurs personnalités préférées. Sans être condescendante, je suis un peu perplexe. J'essaye d'être compréhensive sur certains comportements qui me semblent excessifs pour des personnes qu'elles ne connaissent pas. Hum, quand même…
Gustavo Dudamel démissionne de l'Opéra de Paris
Puis, est tombée, un jeudi à 17h, la démission inattendue de Gustavo Dudamel de l'Opéra de Paris. Au fur et à mesure que j’encaissais l’info en criant en toute discrétion “Noooon Gustavoooo” et que j’essayais de me faire à l'idée que je n'entendrai plus sa musique avant un moment ; qu'il quittait Paris à la fin de la saison pour passer plus de temps avec sa famille, j'ai compris les propos de ma pote. J'avais tous les symptômes de la fan. Oups.
Pour me consoler, elle m'a emmenée manger une glace italienne Venchi, rue Tronchet. On a marché et discuté dans le Paris touristique illuminé par la lumière dorée de fin d'après-midi. Je suis rentrée chez moi soulagée mais déçue.
Triste de cette nouvelle
Quelques semaines plus tard, je suis toujours aussi triste. Je ne courais plus à l'opéra l'écouter tirer le meilleur de la partition. Quand il était à l’affiche, j’étais certaine de prendre un plaisir fou (ce qui n’est pas toujours le cas). Une valeur sûre pour mes oreilles.
J'ai remercié celui qui m'a incité, la première fois, à l’écouter en version concert un vendredi soir de novembre 2021 à la Philharmonie de Paris avec l’orchestre de l’opéra :
" - Vous me recommandez de prendre une place pour Dudamel ?
- Oui, Emilie, c'est un immense chef d'orchestre."
Ce soir-là, j'ai vu la musique jaillir de son corps et raisonner dans toute la salle Pierre Boulez. Une révélation. J'ai compris le phénomène mondial autour de lui. La délicatesse et la puissance. Après, il y a eu les vagues de Turandot, la grandeur de Mahler, la beauté complexe de Tristan et la simplicité millimétrée de Nixon.
La saison prochaine, Gustavo Dudamel n'assure pas ses engagements de chef d'orchestre à l'Opéra de Paris. Il revient à Paris en mai 2024 avec le Los Angeles Philharmonic en 2024 la Philharmonie de Paris pour l'unique opéra de Beethoven, Fidelio. Mon seul conseil : prends tes places.
Pronto Gustavo !