La Force du destin - Opéra de Paris

Vendredi soir, j'ai assisté à la générale La Force du destin à l'Opéra de Paris. Le quatrième spectacle de l'institution pour les fêtes de fin d'année. Une grande fresque verdienne. Invraisemblable pour certains, géniale pour d'autres. Seulement sept représentations sont programmées. A voir à l'Opéra Bastille. Il reste des places.

Quand on me dit : Je n'aime pas l'Opéra ! Ma réponse est As-tu vu un Verdi ? As-tu vu La Force du destin ou Don Carlos ? As-tu vu un Wagner ? As-tu vu Parsifal ? Oui et je n'aime pas. Là, je ne peux plus rien faire.

La composante commune d'un opéra est un compositeur, un livret, une scène, un orchestre, des chanteurs lyriques et souvent un chœur. Après, les intrigues et les propositions sont très différentes.

Le tragique sur scène

Il m'a fallu trois ans pour comprendre ce que j'aime ou pas. Je n'apprécie pas le bel canto. Ecouter des sopranos vocaliser m'ennuie. Je n'aime pas non plus les opéras bufa, comique. Pas de propos. En revanche, j'aime le tragique, les grandes fresques dramatiques. J'aime les opéras où le chœur est très présent et représente le peuple, la foule. Comme, j'aime la représentation et la critique du religieux. Tu me mets une croix sur scène et je suis dans mon élément. La Force du destin en est un parfait exemple.

J'y vois un lien avec l'hypersensibilité. Je suis en permanence tiraillée par des émotions très fortes qui peuvent se transformer en violence interne. L'opéra étant le lieu de l'exacerbation des passions, je vois sur scène ce que je ressens. Effet libérateur. Je pleure la tristesse des autres et sûrement un peu la mienne.

Un opéra fresque

Les musicologues s'accordent à dire que les opéras du XIXème ne sont pas les plus accessibles. Ils ont raison car ils font moins recette. Pourtant je les recommande. Ce sont les plus beaux car les plus impressionnants. Les passions sont sur scène et dans l'orchestre. Dans la deuxième partie du siècle, les compositeurs ont écrit des opéras fresques. Ils ressemblent à des blockbusters : propos, décor, chœur puissant, figurants nombreux. Ils reproduisent des sacres, des messes, des épopées… Le seul hic, les personnages féminins sont peu présents ou meurent.

La Force du destin écrit par Verdi en 1862 est un très bel exemple de ses opéras fresques. Certains trouvent l'intrigue invraisemblable et l'enchaînement des scènes de foules et de recueillement maladroit.

J'y vois tout le contraire. La Force du destin, c'est quatre heures de très grand spectacle. La mise en scène de Jean-Claude Auvray est classique mais redoutable. Il ne faut surtout pas être rebuté par la durée. Perso, plus les opéras sont longs plus j'aime l'effet qu'il procure car un moment, tu es obligé de lâcher et te laisser aller.

Le propos de Verdi est double sur la religion et la guerre. Verdi se politise dans La Force du destin. Ce qui rend l'opéra encore plus fort. Il place l'intrigue de son opéra au moment où l'Espagne s'allie à l'Italie pour faire partir les Autrichiens. Leonora et Alvaro s'aiment. Par malchance Alvaro tue son futur beau père. Le frère de Leonora jure qu'il se vengera. Les deux amants sont obligés de fuir chacun de leur côté. La suite de l'intrigue dans la vidéo. Malédiction et rédemption.

La vidéo Dessine-moiLa Force du destin

Anna Pirozzi fait ses débuts réussis à Paris

La soprano Anna Pirozzi fait ses débuts à Paris dans le rôle titre de Leonora. Il y a des voix qui nous émeuvent en un instant et d'autres non. En moins d'une minute de chant, j'ai aimé la rondeur et la puissance vocale d'Anna Pirozzi. Elle touche un endroit que je ne peux pas l'expliquer. Elle n'est pas cristalline comme le fameux air de Mozart dans La flûte enchantée. Sa voix est bien plus intéressante. Je la trouve même grave par moment. Je ne suis pas une spécialiste et je n'ai pas les mots. Anna Pirozzi jouera Leonora dans Le Trouvère en janvier 2023 à l'Opéra Bastille. A noter dans les agendas.

Les rôles masculins sont confiés à l'américain Russell Thomas pour le rôle de Don Alvaro. Il fait également ses débuts à l'Opéra ainsi qu'au français Ludovic Tézier pour le rôle de Don Carlo (frère de Leonora).

L'orchestre est dirigé par Jader Bignamini. Le prélude de La Force du destin a la particularité de ne pas être joué au début mais d'être intégré à l'opéra. Une sublime symphonie.

Enfin, les scènes de foule sont savoureuses. Le chœur de l'opéra bien présent apporte de la vitalité et de la joie.

Anna Pirozzi sera dans Le Trouvère de Verdi début 2023.

A LIRE : Chère Anna Pirozzi

A voir

Est-ce que je recommande La Force du destin ? Oui ! Après, pas à tout le monde. J'ai testé autour de moi et je n'ai pas été convaincante. Si vous n'êtes pas sensible au religieux ou au rocambolesque, je ne vous le recommande peut-être pas. En revanche si vous avez envie de suivre le destin tragique de deux amoureux, foncez ! J'y retourne le 30 décembre pour la dernière.

La Force du destin de Verdi

La Force du destin Verdi - Opéra de Paris - Bastille  - jusqu'au 30 décembre 2022 - 3h50 avec 2 entractes. En italien surtitré en français.

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