Le Trouvère - Opéra de Paris

Mercredi dernier, j'ai assisté à la générale Le Trouvère à l'Opéra de Paris. Après le semi échec de Tristan et Isolde quelques jours auparavant, j'ai perdu toute envie d'aller voir cet opéra de Verdi. Je me suis ressaisie. J'ai pensé à la voix d'Anna Pirozzi et à Verdi et je suis allée m'asseoir au premier balcon de Bastille. J'ai bien fait. J'ai passé une des meilleures soirées à l'opéra. A voir absolument !

Cette distribution est la meilleure que je n'ai jamais vue. Anna Pirozzi, Etienne Dupuis, Judit Kutasi et Yusif Eyvazov sont heureux de chanter ensemble et cela s'entend ! Individuellement, ils sont excellents. Ils connaissent leur rôle par cœur et s'emploient à le magnifier. Il y a du performatif et du collectif. Chacun chante pour le groupe et les spectateurs. Il y a un esprit de troupe et en tant que spectateur, on le ressent. C'est la première fois à Bastille que je ressens cette émotion au moment des applaudissements. Cela peut arriver au théâtre ou pour une comédie musicale mais pas à l'opéra. Une très grande générosité. J'ai eu l'impression qu'ils chantaient rien que pour moi.

Cet opéra en quatre actes a été créé le 19 janvier 1953 à Rome. 170 ans après, il est toujours passionnant. A la vie et à la mort. Après celui-ci, j'ai besoin de faire une pause avec les opéras du XIXème siècle. J'ai ma dose de la figure de femme sacrificielle. J'ai envie d'une héroïne qui ne meurt pas par amour. Si tu veux en savoir plus, je te recommande le livre Les grandes oubliées Pourquoi l'Histoire a effacé les femmes de Titiou Lecoq. Certains trouvent cet opéra rocambolesque, comme souvent chez Verdi, moi je dirai spectaculaire. Je ne vais pas me lancer dans le résumé. La vidéo Dessine moi Le Trouvère le fait très bien.

La vidéo Dessine-moi Le Trouvère

L'opéra des chanteurs

Cet opéra fait encore partie de ces opéras où le chant a une immense place. La musique accompagne le propos. Les chanteurs font leur numéro (dans le bon sens du terme) et finissent par faire des effets acapella. Dans L'Opéra 1. D'Orfeo à Tristan, François-René Tranchefort explique que Le Trouvère marque une rupture dans l'opéra, Verdi demande aux sopranos d'être lyrico spinto. C'est-à-dire d'être aussi solide dans les aigus que dans les graves. Il faut aussi qu'elles soient capables de chanter avec de grandes formations orchestrales chez lui ou chez  Wagner. Il faut de grandes capacités pour projeter sa voix dans cette si grande salle et au dessus de l'orchestre. A cette occasion, j'ai découvert qu'il y a plusieurs types de soprano. Si cela t'intéresse, La Philharmonie consacre un article sur les différents types de sopranos.

Comme je l'ai déjà écrit, je suis très sensible à la voix d'Anna Pirozzi. Elle se met à chanter et je suis en larmes. Il y a quelque chose de rond et chaleureux qui me touche dans un endroit inconnu. Je vis, sans recul, les drames de son personnage. Dans Le Trouvère, Anna Pirozzi chante un peu plus dans les aigus que dans La Force du destin. Je suis autant enthousiaste. J'espère la revoir l'année prochaine sur la scène de Bastille.

Comme souvent chez Verdi et c'est pour cela que je l'aime, le chœur est très présent. Il donne une dynamique au drame. La mise en scène d' Alex Olle/La Fura d'Elsa Baus est impressionnante. Le décor occupe toute la scène de Bastille et parfois on a un peu peur que les chanteurs tombent dans les trous.

Ce qui est passionnant dans l'expérience d'enchaîner un Wagner et un Verdi en quelques jours et qu'on peut mesurer les forces de l'un et de l'autre. Les Italiens se moquent de Wagner en disant qu'il a mis la statue dans la fosse et le piédestal sur scène. C'est flagrant quand on voit un Verdi quelques jours après. Dans Le Trouvère, tout est sur scène et dans la voix des chanteurs. L'orchestre de l'opéra est là pour accompagner les voix, ce n'est pas lui la star de la soirée. Ce Verdi est dirigé par le chef italien Carlo Rizzi.

A la fin de la générale, Bastille a fait éclater sa joie. Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu autant d'enthousiasme lors d'une générale. Après le froid de Tristan et Isolde, Bastille était heureux de voir un grand opéra avec de magnifiques artistes lyriques. Brava !!!!! 

A voir absolument

Oh que oui ! Je te recommande à 200% Le Trouvère de Verdi à l'Opéra de Paris avec une magnifique distribution. Il est très accessible aux débutants. C'est la possibilité de voir un opéra avec de sublimes voix.

Le Trouvère de Verdi

Le Trouvère - Verdi - Opéra de Paris - Bastille  - jusqu'au 17 février 2023 - 2h55 avec 1 entracte. En italien surtitré en français.

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