Tristan et Isolde - Opéra de Paris

Vendredi soir, j'ai assisté à la générale Tristan et Isolde de Richard Wagner à l'Opéra de Paris. Je saoule mes proches depuis des mois, des semaines et des jours avec cet opéra de Wagner.

J'ai fait la connaissance de sa musique en mai dernier avec Parsifal. Depuis, j'ai envie de voir tous ses opéras en direct. Sa musique est magnifique et complexe.

Dans le prélude de Tristan et Isolde, il a inventé l'accord Tristan. C'est un accord qui ne se finit pas. L'oreille attend que l'accord se termine et Wagner le fait par du silence. Cela ajoute beaucoup de la tension. Je suis bien trop néophyte pour te l'expliquer en détail. Christophe Dilys le fait très bien dans cette vidéo de France Musique. C'est le prémice de ce qui sera inventé plus tard par la Seconde Ecole de Vienne : l'atonalité. Certains spectateurs ne supportent pas son écoute.

La vidéo Dessine-moiTristan et Isolde

Je ne te raconte pas l'histoire. La vidéo le fait très bien.

Wagner + un excellent orchestre + Dudamel = le graal

Après le faste des fêtes, l'Opéra de Paris reprend le chef d'œuvre avec à la baguette son Directeur musical Gustavo Dudamel. Si tu me suis depuis un moment, tu connais ma passion pour Gustavo. Après avoir dirigé les premières représentations de Tosca à la rentrée, il est de retour dans la fosse de Bastille pour Tristan et Isolde. Aimé par les musiciens de l'orchestre de l'Opéra, il reprend à un monstre du répertoire lyrique jouré en fin d'année à Los Angeles. Pendant trois soirs de suite, Gustavo Dudamel a dirigé sous format concert avec la vidéo the Tristan Project. Un acte par soir avec une une partie de la distribution parisienne. Je trouve cela beaucoup plus fastidieux d'y aller trois soirs de suite que d'être plongé pendant 5 heures dans la musique de Wagner. C'est intéressant !

A Bastille, on a donc Wagner + un excellent orchestre (quand il a envie) + Dudamel = le graal. Sauf que dans mon équation, j'ai oublié deux inconnues non négligeables : la distribution et la mise en scène. Et là, Wagner a beau être Wagner, c'est par là que pêche cette production avant la première.

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Une mise en scène aride

Gustavo Dudamel a beau maîtriser la partition de Wagner et les musiciens faire de leur mieux (jouer du Wagner est extrêmement difficile), cette production manque de souffle, d'énergie et d'émotion. Il ne se passe pas grand chose. La mise en scène de Peter Sellars est aride. Elle repose sur de la vidéo et des déplacements des artistes dans deux carrés, ce qui est peu pour apporter une dynamique à l'ensemble. Michael Weinius (Tristan) et Mary Elizabeth Williams (Isolde) sont statiques et atones. Ils chantent leur nuit d'amour main dans la main, côte à côte sans se regarder. Tout le long de l'opéra, ils ne projettent rien dans leur voix. Ni amour, ni douleur, ni tristesse. On ne sent pas qu'il est question de vie et de mort. Difficile d'être en empathie et de s'émouvoir de leurs destins tragiques. Mary Elizabeth Williams fait ses débuts à l'Opéra de Paris après être passée par Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris, où elle a remporté le Prix du Cercle Carpeaux. Peut-être beaucoup d'appréhension de commencer par ce grand rôle sur la scène de Bastille.

Le climax de cette production est à la fin de l'acte I. La musique instrumentale et un jeu de lumière amènent à une vibration du corps. A partir du second acte, celui de l'amour et du feu projetté en vidéo, je suis restée stoïque dans mon siège à attendre que ça reparte. Et ça ne repartira pas. J'ai eu le temps de faire ma liste de courses, résoudre le conflit israélo palestinien et réécrire le projet de réforme des retraites. Lasse, je me suis concentrée sur la magnifique musique de Richard Wagner et j'ai regardé Gustavo travailler avec son corps et son cœur. Instructif.

A la fin, Bastille a mollement applaudi. Tristan et Isolde se sont faits un peu huer. Etant au premier balcon, je n'ai pas vu s'il restait encore beaucoup de monde au parterre et au second balcon. Mes voisins de droite et de gauche ont disparu à la seconde entracte.

J'ai ma place pour la dernière le 4 février. J'espère que d'ici là le philtre d'amour aura fait son effet et qu'ils auront le feu en eux.

Cette production me donne envie d'aller voir une autre version de Tristan et Isolde. Après recherche, cet opéra est programmé au Capitole à Toulouse du 26 février au 7 mars.

A voir ou pas

Est ce que je recommande ce Tristan et Isolde à l'Opéra de Paris ?

Oui pour aller écouter la musique de Wagner. Les italiens disent, à juste titre, il a mis la statue dans la fosse et le piédestal sur scène. Il n'y a rien de plus beau. La version concert serait bien meilleure. Je suis persuadée que Gustavo peut faire monter le niveau de l'orchestre à son excellence.

Non car la distribution n'est pas au niveau de l'œuvre et la mise en scène est trop froide. Après, je ne suis pas une grande adepte des mises en scène avec vidéo. Il y a tant de possibilité à faire sur cette grande scène de Bastille;

Surtout pas si vous allez peu à l'Opéra, il ne faut pas se lancer dans celui-ci. Ce n'est pas assez grandiose. J'ai trop peur que ça te refroidisse et que tu n'y retournes pas.

Tristan et Isolde - Richard Wagner

Tristan et Isolde - Richard Wagner - Opéra de Paris - Bastille  - jusqu'au 4 février 2023 - 5h00 avec 2 entractes. En allemand surtitré en français.

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