Salomé - Richard Strauss - Opéra de Paris
Lundi 10 octobre, je devais aller à la générale de Salomé de Richard Strauss à l'Opéra de Paris. C'est une création 2022. La mise en scène est confiée à à Lydia Steier et l'orchestre est dirigé par Simone Young. Opéra scandaleux. Souvent interdit. Radical.
Une petite phrase d'avertissement en rouge sur le site de l'Opera de Paris me met la puce à l'oreille. Je décide de creuser la mise en scène avant d'y aller. Je regarde la vidéo de la metteuse en scène Lydia Steier qui explique ses choix de mise en scène et ce qu'elle veut démontrer : les travers du capitalisme, la société décadente...
Je continue à chercher. Il y a peu de ressources et je tombe sur cette chronique Coulisses Elza van den Heever, nouvelle Salomé à Bastille sur France Inter, le 8 octobre qui explique qu'il 'y a des scènes violentes qui peuvent heurter dont un viol en tournante.
Pourquoi je n'y suis pas allée
Vingt-cinq ans après, je ne me suis toujours pas remise de la scène d'ouverture de Jeanne d'Arc de Luc Besson. Qui lui ne voulait rien dénoncer. J'en veux toujours à mon prof de français de nous avoir emmener le voir au ciné sans nous avoir averti auparavant.
Je ne remets pas en cause le travail de la metteuse en scène et des choix opérés par l'Opéra de Paris. Je ne peux juste pas me confronter à des scènes violentes et je suis contente d'en avoir été avertie.
Après la générale de lundi soir et avant la première de samedi, l'Opéra de Paris a adapté sa communication. La phrase sur le site a été modifiée "Certaines scènes présentant un caractère violent et/ou sexuel explicite peuvent heurter la sensibilité d'un public non-averti." et une communication a été faite à l'ensemble des détenteurs de places.
Le site ForumOpéra ridiculise cette mention dans leur article L’ONP avertit ses spectateurs que dans Salomé il y a du sang et du sexe. J'ai été froissé par les propos. Je devrais m'assoir à Bastille et prendre une salve de violence dans la gueule en la fermant d'être sensible. Je ne devrais pas être avertie et subir pendant 1h45. N'est-ce pas là une forme de violence de plus ? Allez, je vais mettre ça sur une forme d'incompréhension des non sensibles.
Ce qui me questionne, ce n'est pas ce que l'on peut ou non montrer dans cette période. Faites ce que vous voulez les gars tant que vous ne me mettez pas devant et que ce que vous voulez montrer a du sens ! Mais comment on ne respecte et on ne tolère la sensibilité de chacun.
Dans cette semaine où le reste de la France cherche de l'essence (replaçons les choses dans leur contexte), une personne m'a dit "Pour en parler, faut le voir." Je suis d'accord. Je ne donnerai aucun avis sur Salomé. Fais ce que tu veux. Je suis juste incapable de le voir. La réalité du monde est déjà beaucoup trop dure à mon goût.
Au vu des retours de mes proches et des articles de presse, je n'ai pas de regret. Je me suis écoutée (c'est peut-être ce qui est nouveau.) Je ne pense pas que ça veuille le coup de se mettre dans une situation inconfortable pour une œuvre d'art et surtout parce que c'est la création de la rentrée à l'Opéra de Paris.
A la place, je me suis fait une soirée toute douce. Loin de la violence du monde.
Une chronique très intéressante : La nouvelle production "radicale" de Salomé de Strauss à l'Opéra de Paris sur France Musique.
A LIRE : La cheffe Simone Young
Salomé - Opéra de Paris - Bastille Richard Strauss - jusqu'au 12 octobre au 5 novembre 2022 - 1h40 sans entracte. En allemand surtitré en français.
Opéra enregistré par France Musique et diffusé le 19 novembre 2022 dans « Samedi à l’Opéra », présentée par Judith Chaine