13 novembre

La chronique du lundi tombe le 13 novembre. Je n'ai aucun livre à te recommander, ni de film sur les attentats de novembre 2015. Je n'ai rien lu, ni vu. Je refuse. Je ne peux pas me confronter à la fiction sur le sujet. Le réel est trop violent et encore présent dans mon quotidien. Ces lieux sont mon environnement.

Comme tout le monde, j'ai lu Vous n'aurez pas ma haine d'Antoine Leiris aux éditions Livre de poche.

On fait quoi le 13 novembre quand ça tombe un lundi ?

Je suis incapable de me rappeler ce que j'ai fait et où j'étais les années précédentes. Black out. Même pas l'année dernière. Sûrement loin de Paris. Je me souviens seulement du samedi 13 novembre 2021 quand une chape de silence s'est abattue sur mon quartier. Il a été bouclé pour des commémorations exceptionnelles post pandémie. Aucune voiture ne circulait. Le silence a envahi toutes les rues comme le 14 novembre 2015 au matin. Il manquait le soleil éblouissant. En 2021, j'ai mis un pied dehors le matin pas réveillée et j'ai su. Immédiatement. Le silence m'a étourdi. Ce silence, il est dans mes oreilles à vie. C'est l'anti silence du confinement. Il te colle au sol. Il m'a tiré 8 ans en arrière. A en chialer de douleur. 

On fait quoi un 13 nov ? Aucune envie d'aller travailler comme un jour lamba et me confronter à la banalité de la vie. Aucune envie non plus d'être en télétravail à me morfondre chez moi. 

Alors, on fait quoi un 13 novembre ? Comment on symbolise la chance d'être en vie, d'être encore là, bien vivante quand d'autres sont partis ?

Le soir du 13 novembre, j'ai compris que je pouvais mourir sur un trottoir à Paris. En 2015, j'avais déjà cette habitude de ne pas rentrer en métro jusqu'au bout et d'avoir un sas de marche. Je me sentais invincible et en sécurité. Ce soir-là, je suis rentrée en métro. Exténuée. Semaine harassante. Je ne suis pas passée comme d'habitude rue de Charonne sur le trottoir de La Belle Equipe.

On fait quoi le 13 nov ? Quand j'écris ces lignes, je ne sais pas encore où je serai ce 13 novembre 2023 mais certainement pas à une terrasse en train de boire une bière dans mon quartier. Incapable. Impossible. Certainement dans un endroit où je me sens le plus en sécurité. Dans le douillet de la vie. Peut-être au musée d'Orsay ou au Louvre. Devant plus grand que ma vie.

Il faut l'aimer de manière inconsidérée et inconditionnelle cette ville pour y vivre. Vendredi 10 après-midi, le mail annuel de la Mairie du 11ème est arrivé. Celui des commémorations et des rues fermées. J'ai eu envie de rentrer à pied du bureau et de la bouffer des yeux ma ville. De la traverser de nuit avec la musique dans les oreilles. Elle est belle, ma ville.

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