Et Lili et la vie ? Tu n'écris plus, Emilie ?
“- Et Lili et la vie ? Tu n'écris plus, Emilie ?
- Euh si quasi tous les jours dans mon carnet. Je vide mon sac, j'écris mes émotions, mon ressenti, ce qui me fait du bien et du mal. Mes joies. Mes peines. Surtout mes peines. Mais je ne publie plus sur Instagram, ni sur le blog. Les algorithmes ont eu raison de ma volonté, peut-être à tort. Je vomis des mots plus que je n’écris. Je n'avais pas grand chose à raconter ces derniers temps ou la forme et l’envie pour le faire.
- Ok. Tu arrêtes ?
- Je ne sais pas.”
Depuis quelques mois, je n’ai rien publié. Ici et ailleurs. Je croyais en avoir fini avec Lili et la vie. J'avais fait le tour. Je tournais en rond dans mon programme de publications. Les modifications des algorithmes m’ont rendu invisible et découragé à continuer. Je ne vais pas faire l'andouille sur Tik tok pour de la visibilité. J’ai passé l’âge. Pourquoi écrire si personne ne lit ?
Voir le profil de ma femme de ménage en suggestion de contact sur instagram m’a bloqué. J’ai mis tous mes comptes en privé. En venant chez moi toutes les semaines, elle a déjà accès à une grande partie de mon intimité. Elle seule sait certaines choses. Ce n’est pas la peine qu’elle en sache davantage. Compartimentons.
Alors oui, j’ai une femme de ménage depuis quelques mois. Je suis nulle pour tout ce qui touche de près ou de loin à la maison. J’ai décidé de déléguer ces tâches à quelqu’un d’autre (et de culpabiliser). Je n’aurais pas pu être au service de Cora Crawley à Downton Abbey. Elle m’aurait renvoyé fissa dans ma campagne anglaise en moins de deux heures. J’aurais tâché le tapis turc et cassé la porcelaine.
"Et sinon Emilie, tu as repris la plume pour nous raconter ça ? C’est un peu léger, non ? Tes affaires domestiques, on s’en fout. Tu m’étonnes que tu ne sois pas lu… "
ça, c’est la petite phrase qui tourne dans ma tête en permanence. Voilà pourquoi je ne publie plus rien depuis des mois. Je sais. C’est ma meilleure amie. Elle est très sympa avec moi. Je la garde…
Je suis à Anglet pour le week-end de la Pentecôte. J’ai réussi à avoir un train. Je remercie celui ou celle qui a dû annuler au dernier moment le train 8547 partant à 13h58, ce vendredi 17 mai 2024 (voiture 15, place 38). Si tu passes par là, tu as ma reconnaissance éternelle. Grâce à toi, je suis dans un de mes endroits préférés et j’ai passé la journée à lire à la plage, à marcher le long de la Côte basque et à regarder les surfeurs au lieu d’être à Paris dans mon appart de merde (on en reparlera). J’ai de nouveau envie d’écrire et d’être lu.
L'autre raison. Quelqu’un que j’estime m’a dit de continuer à chercher un poste dans ce domaine d’activité. Que c’était un de mes centres d’intérêt et qu’il ne fallait pas que je le coupe. Grrr ou comment remettre une pièce dans la machine. Cette petite phrase que tu n’as pas entendu lors d’une conversation, qui revient ensuite te piquer au vif et qui fait son chemin au fil des jours, tu connais ? Tu n'aurais presque pas voulu l’entendre car ta vie aurait été plus facile sans. Une ligne droite.
J’écris ce texte du balcon de mon hôtel basque et il s'est mis à pleuvoir. Ici, quand il pleut, il pleut. Je vais devoir me mettre à l’abri.
Alors voilà, je suis de retour avec cette petite phrase en bandoulière, dans cet environnement que j’adore. J’ai envie de reprendre le chemin de la publication. Ici et ailleurs. ça tombe bien. Il va pleuvoir les trois prochains jours. Peut-être la raison d’une annulation de billet de train, non ?
Je file mettre des chaussettes. J’ai froid.
Muxu. Bisous.