Vous n’aurez pas ma haine

Depuis quelques jours, je pense sans arrêt à cette phrase écrite par Antoine Leiris et j’ai bien du mal à m’y accrocher.


Depuis les résultats des élections européennes et passé le choc de la dissolution, j'essaie de comprendre ce choix massif pour l’extrême-droite. Je lis des articles sur le sujet. On en parle avec mes proches. J’ai essayé d'être en empathie car peut-être que je vis dans une bulle privilégiée. En fait non, mon arrondissement et mon boulot ne sont pas des microcosmes hors sol. C'est trop facile de commencer à culpabiliser de ne pas vivre certaines réalités.

En ce jour de scrutin, chaque électeur qui mettra un bulletin pour un parti d’extrême-droite aura ma haine.

Celle de laisser la possibilité de faire arriver au pouvoir un parti discriminant et de libérer encore plus une parole raciste, homophobe, patriarcale. De réduire à néant, 80 ans de démocratie.

En votant pour un parti d'extrême-droite, vous faites le choix de libérer une bande de frustrés qui dès le 7 juillet au soir se sentira pousser des ailes et légitimité par ce nouveau gouvernement. Ils sont déjà très actifs en ligne. Ils abuseront de leur petit pouvoir dans les entreprises, à la maison, dans les transports, dans la rue, au sein des forces de l’ordre, dans les services publics… Il sera très difficile de les remettre dans leur boîte, ça fait des années qu’ils patientent à ronger leur frein et à préparer leur revanche rageuse.

Je ne veux pas que mes neveux de 2 et 5 ans et tous les autres enfants racisés vivent dans cette France rance. Je ne veux pas qu’ils se construisent en pensant qu’ils sont différents, que leur couleur de peau n’est pas la bonne. Qu’ils sont des enfants et des êtres humains de seconde zone.

On ne vote pas pour un parti d'extrême droite parce qu’on a jamais essayé. On ne joue pas avec la vie de millions de gens parce qu’on se sent déclassés et qu’eux, bah on n’a jamais essayé. 

Même ripoliné du sol au plafond, le Rassemblement National est un parti d'extrême-droite.

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