Passer les vagues de violence

Ce matin à Anglet, en regardant ce surfeur tenter de passer les premières vagues, je me suis dit que j'étais comme lui. Spoiler alert : il a dû abandonner, l'océan le rejetait.

Je me suis retrouvée en larmes. Moi non plus, je ne peux pas lutter face à ce nouveau cycle de violence. Mon corps et mon cerveau ne sont plus en capacité d'absorber. Je suis électrique. Tous mes pores sont en alerte alors que je suis loin de l'épicentre. J'ai lu l'article Mort de Nahel M. : à Nanterre, Aulnay-sous-Bois ou Lyon, une troisième nuit d’émeutes dans un déferlement de violence du Monde qui résumait la nuit (du 29 juin 2023) et j'avais la bande son dans la tête. Je la connais par cœur. Quand j'ai lu BRAV-M, mes neurones ont disjoncté. Ils sont encore là eux. Inspirer. Expirer. Retrouver le calme. Inspirer. Expirer. Retrouver le calme.

Je ne connais pas la réalité de vivre en banlieue. Mon propos n'est pas de commenter les événements. J'en suis incapable. 

En revanche, être dans un endroit où la violence déferle, ça je sais ce que c'est. Vivre des cycles de violence de haute intensité de plus en plus fréquents me semble grave. Je suis en burn out de la violence. 

J'écris du quai de la gare de Bayonne où j'attends mon TGV pour rentrer à Paris. Il y a des bruits que je ne connais pas. Je sursaute alors qu'il ne se passe rien. Tout est calme. J'ai la hantise de la nuit prochaine . Comment est mon quartier ?

Cette semaine, je me suis rendu compte des conséquences des événements des derniers mois sur mon état physique et psychique. Je suis incapable de faire des choses nouvelles. Pour mes vacances, je suis allée dans un endroit que je connais bien et où je me sens en grande sécurité.

Je pensais que c'était dernière et en fait, non. Je ne veux pas repartir pour un cycle d'anxiolytiques.

J'ai une pensée à tous ceux, adultes comme enfants, qui vivent des nuits terrifiantes. J'espère que les mairies mettent en place des cellules médico-psychologiques. Les effets de la violence sont comme des grains de poussière, ils s'infiltrent partout. On ne le voit pas au début mais ils sont là. Pour les déloger, il faut parler à un professionnel. Ça soulage. Merci de faire passer le message.

Texte publié dans le TGV Bayonne Paris, le 30 juin sur Instagram Lilietlavie

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