Quitter Paris

Ce fut la décision la plus longue à prendre. J’ai avancé et reculé de nombreuses fois. Il aura fallu 5 ans. Paris, c’est fini. Je rentre vivre à Orléans. Écrire cette phrase est dingue.

Je ne peux plus y vivre. Avant de basculer, il faut que je sauve ma peau. L’autre jour dans la 14, un samedi matin, un gars avec son enceinte portable dansait au milieu des franciliens et des touristes encore ensommeillés.

Je sais que je vis une relation toxique avec cette ville. Je m’y suis accrochée avec des hauts et des bas. Des élans de joie et des états de panique. Je le vois dans les yeux des non parisiens. J’ai visité quelques apparts à Orléans. Les regards atterrés des loueurs essayant de répondre à mes questions sur le bruit m’ont révélé l'étendue des pathologies : hyper vigilance constante, stress, anxiété, fatigue. Je n'arrête pas de dire : “Je veux vivre au calme”. Je me crispe sur tout. J’ai envie de pleurer et de me justifier “nan mais sinon tout va bien.”

En discutant avec mon père de ce départ de Paris, je lui ai dit : “Je ne veux plus voir un seul CRS du reste de ma vie. “ Il m’a regardé “ça, je le sais, ma chérie”. Et ma mère a rétorqué “et les gars de la BRAV-M !”.

A Anglet, le doute est revenu : Est ce que je ne fais pas une connerie ? Est ce que je ne vais pas me couper de tout ce que j’aime ?

Puis, je suis passée par Montparnasse pour rejoindre Orléans. J’ai pris le métro. J'ai revisité mon futur appartement orléanais. J’ai fait du vélo avec mon neveu sur les bords de Loire. J’ai su que j’avais fait le bon choix. Plus de doute. J'ai hâte. Je vais être au calme et en sécurité.

Je ne quitte pas totalement la ville. Je continuerai à monter au moins deux fois par semaine. Pas prête à renoncer à mon lien avec la culture ainsi qu’à mon salaire parisien. La réalité économique. 

Il y a 10 ans, en arrivant à Paris, j'ai dit : “Je repartirai avant les JO.” Ça sera le cas, je déménage le 25 juillet. Encore une semaine et demie et Paris, c’est fini. 

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