Kontakthof de Pina Bausch - Opéra de Paris
J'ai assisté à la Générale de Kontakthof de Pina Bausch à l'Opéra de Paris. Cette pièce de la chorégraphe allemande entre au répertoire de l'Opéra après Le Sacre du Printemps et Oprhée et Euridyce. Pina Bausch, figure tutélaire
Pina Bausch est une des chorégraphes les plus connues au monde. Elle est une figure tutélaire de la danse contemporaine. Née en 1940 à en Allemagne, elle décède en 2009. La danseuse chorégraphe laisse un répertoire impressionnant géré, très sérieusement par la Pina Bausch Foundation.
Kontakthof est joué la première fois le 9 décembre 1978 en Allemagne. Dès les premières minutes de la pièce, le spectateur comprend tout de suite qu'il est devant un objet scénique qui casse les codes de l'époque et de la danse classique. Pour exemple, 1978 est l'année de création de Mayerling par Kenneth MacMillan au Royal Ballet. Deux ballets aux antipodes.
Dans Kontathof, les danseurs exploitent une dimension nouvelle : la voix. A plusieurs reprises, ils parlent, chantent, crient. La fin du premier acte se finit par chaque danseur racontant une anecdote. 26 danseurs qui s'expriment au-delà de leurs corps. Du théâtre-danse. Les pas de danse ne sont pas ceux de l'école classique. Pas de porté, de jeté, de position. Les danseurs courent, marchent, déambulent.
L'énergie et l'envie des danseurs se ressent jusqu'au poulailler de Garnier.
Le sujet de Kontakthof est les relations homme femme. Souvent douloureuses et violentes. Germain Louvet, danseur étoile, explique que le mot Kontakthof signifie deux choses : l'espace de rencontres pour les détenus et les salles de bal des années 50. Pina Bausch choisit le deuxième lieu pour faire se côtoyer 13 danseuses et 13 danseurs. Ils se cherchent, se croisent, s'entrelacent, se tapent, dansent, courent, se disputent. La chorégraphie alterne entre moments vifs somptueux et passages plus lents.
Le propos de Kontakthof est toujours d'actualité. Rien n'a changé. Les violences sont les mêmes. Pina Bausch réussit à faire passer ses messages. Il faut juste être apte à le recevoir et à le digérer. Ce qui n'est pas mon cas au moment de la représentation.
Révolutionnaire en 2022 ?
J'ai assisté à la première partie de la pièce. Partie à l'entracte. Chaque propos artistique laisse une trace et je ne sais pas à la fin ce qui va en ressortir. Pour ce Bausch, j'ai vu, j'ai oublié et quelques jours plus tard, tout me revient digéré. Comme tu le sais, les relations homme femme est un sujet sensible. Je ne peux pas m'y confronter pendant trois heures.
Pour les amateurs de danse contemporaine, ce spectacle est une référence. Une de mes voisines attendait avec impatience le début de la représentation. De mon côté, je suis plus réservée. Je n'ai pas vu le beau, ce qui m'arrive en danse classique. J'y ai vu des passages magnifiques et pas mal de passages ennuyeux. Je n'ai pas ri comme certains spectateurs.
La veille, j'ai assisté à un cours de musique classique sur la seconde moitié du XXème siècle. J'ai fait la connaissance des travaux réalisés par l'Ecole de Darmstadt et la rencontre de Bernd Alois Zimmermann, compositeur allemand et contemporain de Pina Bausch. Le travail de la chorégraphe participe à cette génération d'artistes allemands qui ont construit de nouveaux codes artistiques après l'horreur. Respect éternel.
Kontakthof de Pina Bausch
Infos pratiques
Kontakthof - Opéra de Paris - Palais Garnier Pina Bausch - du 2 au 31 décembre 2022 - 2h55 avec 1 entracte.