Frapper l’épopée - Alice Zeniter

Une des têtes d'affiche de cette rentrée littéraire 2024 est Alice Zeniter avec son nouveau roman : Frapper l’épopée aux éditions Flammarion. L’autrice de l’excellent l’Art de perdre place l’intrigue de son livre western dixit la maison d’édition dans la chaleur étouffante de la Nouvelle-Calédonie. Parfait timing pour tenter de comprendre la nouvelle crise qui secoue l’île ces derniers mois. 

Je mets les pieds dans le plat tout de suite. Difficile d'écrire un avis négatif sur une écrivaine reconnue. Qui suis-je pour juger ce roman ? Personne. J'attends les critiques du Masque et la Plume sur France Inter (je suis quasi certaine qu’il sera chroniqué) et les vôtres (of course) pour ajuster mon avis. Je suis prête à me raviser. 

Je voulais aimer ce roman autant que j’ai dévoré l’Art de perdre, son roman multi primé. Impossible. Les pages les plus réussies sont celles écrites au je. Tout le reste semble artificiel et mal construit. Je n’ai vu que la construction littéraire et pas réussi un instant à entrer dans cette histoire et croire aux personnages.

Un exemple, son personnage principal Tass grimpe une montagne et Alice Zeniter fait la description de la faune et de la flore. Je sentais le travail de l’auteure. Je l’imaginais faire cette rando et prendre des photos et des notes pour son roman.

Je suis déçue par le style ronflant et appliqué. Ça se voit et c’est dommage. J’aurais voulu un récit plus enlevé (quelques pages seulement) et plus percutant qui laisse plus de place à la violence de certains rapports sociaux entre les différentes communautés de la Nouvelle-Calédonie. Tout y est abordé mais de manière ouatée et pas assez frontale.

Peut-être qu’elle n’a pas voulu s’approprier l’histoire de cette terre. Par un truchement bien amené, elle fait un rapprochement intéressant avec sa propre histoire. Elle aurait peut-être du creuser ce sujet davantage au lieu d’inventer une histoire dans le présent sans intérêt. 

Cette lecture m’aura permis d’en apprendre davantage sur l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et d’avoir quelques clés supplémentaires pour essayer de comprendre le blocage actuel. Je suis loin d’avoir perdu mon temps en ce week-end de 15 août.

Pour en savoir plus :

Résumé de la maison d’édition

Quand Tass était enfant, les adultes lui ont raconté l’histoire de sa terre à plusieurs reprises et dans différentes versions. Malgré tous ces récits, Tass n’a jamais bien su où commençait l’histoire des siens. Comme elle n’a jamais réussi à expliquer la Nouvelle-Calédonie à Thomas, son compagnon resté en métropole. Aujourd’hui, elle est revenue à Nouméa et a repris son poste de professeure. Dans l’une de ses classes, il y a des jumeaux kanak qu’elle s’agace de trouver intrigants, avec leurs curieux tatouages : sont-ils liés à un insaisissable mouvement indépendantiste ? Lorsqu’ils disparaissent, Tass part à leur recherche, de Nouméa à Bourail – sans se douter qu’en chemin c’est l’histoire de ses ancêtres qui lui sera, prodigieusement, révélée.

Le destin de Tass croise celui de l’archipel calédonien et Alice Zeniter, avec une virtuosité romanesque remarquable, met en scène son passionnant visage contemporain, à l’ombre duquel s’invite, façon western, son passé pénitentiaire et colonial.

Frapper l’épopée - Alice Zeniter aux éditions Flammarion - 352 pages - 2024

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