L'art de perdre d'Alice Zeniter
Aujourd'hui, je vous présente L'art de perdre d'Alice Zeniter.
A lire !
J'ai découvert Alice Zeniter, récemment en écoutant le podcast féministe La poudre de Lauren Bastide. Je vous recommande l'écoute de cet épisode.
https://open.spotify.com/episode/5UaK2QrajXWqFYrhGGcJ4v
Prix Goncourt des lycéens 2017
Alice Zeniter a reçu de nombreux prix littéraires dont le Prix Goncourt des lycéens en 2017. Le lycéens ont toujours bon goût ! C'est toujours un gage de qualité littéraire. Les lycéens choisissent des thématiques fortes. L'Art de perdre se classe entre Petit pays de Gaël Faye et Frêre d'âme de David Diop. Deux romans chroniqués sur le blog et que j'ai apprécié pour leur histoire et leur style.
Trois générations
Ce quatrième roman de l'auteure peut être impressionnant par le nombre de pages. En format poche, il dénombre 604 pages. Il ne faut pas avoir peur de son volume.L'histoire est captivante, sans longueur et le style est facile. Ces pages sont nécessaires pour décrire l'histoire de la famille Zekkar sur trois générations : le grand-père Ali, ancien combattant de la deuxième guerre mondiale et harki, le père Hamid et Naïma la petite fille. Elle décrit avec splendeur : la kabilye, l'arrivée en France, l'échelle sociale, les questionnements de l'identité, le retour à Alger ...
Ensuite, le travail de recherches mêlé au roman rend le roman dense et passionnant. Je ne suis pas une spécialiste de la Guerre d'Algérie et ses conséquences sur les générations d'après. Au final, je me rends compte que je sais peu de choses et que ça reste un sujet tabou. Ce roman permet d'éclairer au delà des faits, les ressentis de ceux qui l'ont vécu ou qui vivent l'après.
De plus, Alice Zeniter aborde des sujets qui amènent à réfléchir comme la notion de porter les traits physiques d'une Algérienne et d'être considérée comme une musulmane alors que son héroïne est française et athée. A la question, elle vient d'où : la réponse est d'ici.
Des pans d'histoire ignorés
A la lecture de ce livre, j'ai découvert comment les harkis ont été traités à leur arrivée en France en 1962. Je n'avais pas connaissance des camps comme celui de Rivesaltes dans le livre ou le travail dans les pins à la "cité du Logis d'Anne" à proximité de Jouques et enfin le transfert à Flers pour travailler à l'usine et vivre dans un HLM à proximité.
Choisir ?
Ce livre questionne fortement la question de l'action et du choix. Au moment de faire des choix ou de ne pas en faire se rend on compte des conséquences ? Ensuite, il est facile de juger.
"Non, Ali ne comprend rien : ni pourquoi on lui a demandé dans un premier temps les marques de son amour pour la France, faisant de son parcours une ligne idéologique claire, ni pourquoi son fils lui demande à présent de prouver qu'au contraire il n'a fait que se soumettre à une violence omniprésente et polymorphe. Pourquoi personne ne veut-il lui laisser le droit d'hésité ? D'avoir changé d'avis ? D'avoir pesé le pour ou le contre ? Est-ce que pour les autres tout est si simple ? Est-ce qu'il n'y a que dans sa tête que rien ne vient avec une seule explication ?
Je conseille la lecture de ce livre pour l'histoire et les thématiques abordées. La langue est belle. Bravo à Alice Zeniter pour ce roman dense. J'ai hâte de lire le prochain.
A LIRE :Soleil amer - Lilia Hassaine
Pour aller plus loin sur l'écriture du livre
Si vous avez envie de découvrir le travail d'Alice Zeniter, je vous recommande le podcast Bookmakers. ⠀
Résumé de la maison d'édition
L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée? Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un «harki». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
L'art de perdre d'Alice Zeniter aux éditions J'ai lu
Prix Goncourt des lycéens -Prix littéraire Le Monde - Prix des libraires de Nancy Le Point - Prix Landerneau des lecteurs - Prix littéraire de la ville de Caen - Prix des lecteurs de l'escale du livre Bordeaux - Prix Julemond 2017 Dunkerque
N°6 dans le TOP 10 de mes lectures préférées lus en 2019