Vieille fille : une proposition - Marie Kock

Aujourd'hui, je te présente l'essai Vieille fille : une proposition de Marie Kock aux Éditions La Découverte. C’est la bonne semaine (Saint Valentin) pour évoquer le livre de Marie Kock. Mardi soir, j’ai traversé Paris à pied et en métro et je n’ai jamais autant croisé de couples et de roses.

Je suis une vieille fille. J'ai 41, bientôt 42 ans. Je ne suis pas mariée et je n'ai pas d'enfant. Je n'ai jamais partagé le même toit et ce n'est pas un projet. Je suis ce qu'on peut couramment appelé une vieille fille. Je t'écris ces quelques lignes avec du poil aux pattes et une ligne de sourcils négligée.

J'ai beaucoup aimé cet essai sur le célibat consentie des femmes. En deux soirées, c'était plié. Je le lisais et j'étais là : “Ouiii. Oui je suis d'accord !” Tout en questionnant mon rapport au couple. Est-ce que je désire être en couple ? Elle met en mots ce que je pense. Oui, vivre seule, c'est avoir de l'espace pour penser. Vivre seule, c'est avoir du temps pour faire ce que l'on aime. 

Dans la première partie de son livre, Marie Kock revient sur la figure de la vieille fille dans la culture et la littérature : acariâtre, vieille, négligée, aigrie. Proche de la figure de la sorcière. Tiens, tiens…

Cette étiquette de vieille fille m'a fait peur pendant des années. Finir vieille fille. Il est bien sûr utilisé de manière péjorative dans ma famille. J’ai entendu plus d’une fois dans la bouche de ma mère Tu ne va pas finir comme ta tante. Tu es trop exigeante. Fais des efforts. Et dernièrement, ne laisse pas pousser tes cheveux gris, qui sous-entend que tu ne seras plus désirable aux yeux des hommes.

Impasse

Pendant longtemps, je n'ai pas compris d'où venait mon incapacité à entrer dans le moule du mariage, de la maison, des enfants, du chien... J'ai longtemps pensé que si je me mariais, c'était la mort. Je faisais quand même quelques tentatives et ça ne marchait pas. Il a fallu que je marche sur le chemin de Compostelle et que je rencontre une bonne psy pour arriver à me sortir de l'impasse.

Aujourd'hui, je me suis libérée de cette peur. Bien sûr, je ne me revendique pas vieille fille car le mot est péjoratif comme si sans mari, on ne devenait jamais femme.

Avec le temps, je comprends que j'ai fait ce choix de vie. Il n'est pas dû au hasard, de ne pas avoir rencontré la bonne personne. Je crois que j'ai toujours su au fond de moi que je ne serai pas épanouie dans le rôle de mère/épouse. Trop de carcan. Trop de contraintes. Pas assez de liberté. Je ne suis pas faite pour vivre une relation dans l'hétéronormativité. Je vois beaucoup plus de contraintes que de plaisir. J'ai une aversion à la domination masculine. En sortir, c’est gagner un temps précieux pour penser, vivre, apprendre et non plus essayer à de se conformer au désir/injonction de l’autre.

Aujourd'hui, j'ai fait le deuil de ce modèle qui ne me correspond pas. Je suis entourée de l'amour de mes amis, de ma famille, de mes neveux et nièces. J'ai une vie riche et épanouissante. Je connais mes besoins et mes limites. Je sais que le modèle de l'hétéronormativité n'est pas pour moi. J'ai envie de construire un nouveau modèle qui ne correspond pas aux standards.

"Que si je vis seule, ça ne veut pas dire que je ne veux pas ou que je ne vis pas l'amour. Mais qu'au contraire, je le veux plus que tout. Vivre seule, c'est simplement délimiter un périmètre dont les frontières ne sont pas ouvertes à tous les vents. Un endroit, aussi minime soit-il, qui n'est pas à disposition des autres, dans lequel on peut se replier vers l'intérieur ou se déployer vers l'extérieur sans que cela ne perturbe un quelconque équilibre autre que le sien.

S'accorder un espace physique à soi, c'est aussi s'accorder un espace mental."

Vieille fille - Marie Kock

Sortir du marché pour avoir le temps

Je remercie Marie d'avoir écrit cette phrase: “j'ai gagné à me libérer des fluctuations du désir et des loyautés amoureuses” . Elle est essentielle : sortir de ça est une libération. Je m’en rends compte avec le temps. C'est récupérer du temps pour penser et faire toutes les choses que l'on aime sans se soucier de sa désirabilité. Je ne suis pas égoïste. J'aime partager mon temps avec mes proches. J'aime aussi passer du temps seule pour penser pour apprendre de nouvelles connaissances comme la musique. C'est aussi avoir du temps pour écrire ici.

"Oui, mais au moins je peux penser.

Or même si penser peut avoir l'air a priori moins excitant que vivre, auquel on l'oppose souvent, c'est l'un des meilleurs trucs qui puissent nous arriver dans la vie. Et, il n'est pas question de développer des aptitudes intellectuelles écrasantes et reconnues qui viendraient justifier le fait de suer sang et eau sur nos livres pendant que les autres s'amusent au bar. Mais plutôt d'apprendre des choses qui ne servent à rien, juste pour le plaisir immense de pouvoir le faire. Le temps que j'ai gagné à me libérer des fluctuations du désir et des loyautés amoureuses, je ne l'ai pas utilisé pour comprendre la physique quantique, ni pour passer un doctorat..."

Vieille fille - Marie Kock

Dorénavant, Je ne fais plus passer "un peut-être" d'un mec avant une de mes activités. Je loupe des opportunités amoureuses mais mon temps est trop précieux pour le gâcher. Je sais que j'arriverai toujours à trouver de la place si il en vaut le coup. Je ne suis plus dans une position d'attente et je me sens libérée. Si tu veux qu'on se voit, on fixe un planning. C'est antiromantique mais comme cela, je peux le reste du temps, le remplir de mes activités préférées ou de rien. Aucune frustration de mon côté !

Aimer les enfants des autres

Dans son essai, Marie Kock aborde la question des enfants. Être vieille fille, c'est aussi aimer les enfants des autres sans en avoir la charge. Un de mes rôles préférés dans la vie est d'être tante. Je n'ai pas voulu être mère mais tante me comble de bonheur. C'est participer à l'épanouissement de mes neveux et nièces sans avoir aucune attente envers eux, ni aucune responsabilité. C'est être juste en présence, en soutien et leur donner un amour inconditionnel. 

"Ce sont mes neveux, même si je dois apprendre à les partager avec plus de personnes puisqu'ils ont plus de tantes et d'oncles que de parents. Grâce à eux, j'ai appris à aimer sans avoir de réflexe de propriétaire. Je ne suis pas responsable de leur construction ni de leur entretien mais surtout, je me fiche complètement de ce qu'ils vont devenir. Evidemment, je ferai tout pour qu'ils se sentent bien mais je n'ai pas d'attentes pour leur avenir. "

Vieille fille - Marie Kock

Je recommande sa lecture à toutes les femmes et aux hommes, bien sûr. Pas certain qu'ils se précipitent pour le lire. Moi, j'aimerai lire Vieux garçon, une proposition

Une de mes amies m'a recommandé fortement de lire ce livre. A mon tour, de te passer le livre.

Tu l'as lu et aimé ? ⠀⠀

fille formule une hypothèse : qu’il est possible d’inventer d’autres manières de vivre, pour soi et avec les autres, de trouver l’amour ailleurs, autrement. D’avoir, simplement, envie d’autre chose.

Vieille fille : une proposition de Marie Kock aux éditions La Découverte - 222 pages - 09/22

Portraits de femme

Les grandes oubliées Pourquoi l'histoire a effacé les femmes de Titiou Lecoq

Culottées Tome 1 – Pénélope Bagieu 

Idéal standard – Aude Picault

Précédent
Précédent

Un brillant avenir - Catherine Cusset

Suivant
Suivant

Saint Jacques - Bénédicte Belpois